Thanatophobie : Accepter et Dépasser la Peur de la Mort
Mon histoire : la peur de mourir et la naissance de ma peur de la mort
La thanatophobie, ou peur de la mort, est un sentiment universel qui peut émerger suite à des expériences intenses, comme celle que j’ai vécue :
Remontons le temps. Nous sommes en 2009, je suis enceinte de six mois. Je dois être transportée d’urgence à l’hôpital à cause d’une hémorragie importante. L’effervescence dans la salle d’accouchement est tendue. Les médecins et infirmières s’affairent autour de moi, et je me laisse manipuler sans trop comprendre ce qu’il se passe. De toute façon, je n’ai qu’une seule idée en tête : sauver mon bébé. Puis le médecin prononce ces mots froidement : « pronostic vital engagé, il faut sauver la mère ». Je réalise enfin que ma propre vie est en danger. A cet instant, j’ai peur de mourir. Je fais le scénario horrible dans ma tête de ne plus voir grandir mes enfants, abandonner ma famille.
Cet évènement m’a montré à quel point la vie est fragile (même si tout c’est bien fini pour nous deux). Et j’ai commencé à développer une peur plus large : la peur de la mort. Cette peur s’est infiltrée dans mon quotidien comme pour 21% des français (sondage Ifop 2010).
La peur de la mort : quand vivre devient source d’angoisse
La peur de la mort est un sentiment que nous ressentons tous à un moment ou à un autre. C’est une crainte qui traverse les cultures et les âges, nous rappelant que notre temps sur terre est limité.
Pour beaucoup d’entre nous, la prise de conscience de notre mortalité est déclenchée par une expérience personnelle intense, comme un accident, une maladie grave, le décès d’un proche, les images de terrorisme ou de guerre.
La distinction entre la peur de mourir et la peur de la mort (thanatophobie) est subtile mais importante.
La première est liée à des situations spécifiques où nous nous sentons en danger immédiat, tandis que la seconde renvoie à l’anxiété existentielle de disparition et de ce qui pourrait (ou non) venir après.
Autrement dit, la thanatophobie (la peur de la mort) est une angoisse plus profonde que la simple peur du danger immédiat (la peur de mourir).
Cette peur se manifeste de diverses manières au cours de notre vie. Elle peut commencer par une simple inquiétude passagère et évoluer vers des sentiments plus intenses au fur et à mesure que nous vieillissons.
1 – Origine de la thanatophobie
Le concept de la réalité de la mort est un processus naturel qui débute vers l’âge de 7 ou 8 ans. C’est la preuve d’un développement neurologique et cognitif normal de l’enfant à la prise de conscience de notre propre mortalité (disparition) et à l’incertitude de ce qui nous attend après la vie.
Deuil ou expérience difficile
En se confrontant directement à la réalité de la mort par la perte d’un être cher, parents, amis, animaux de compagnie, la fragilité de la vie devient palpable et est souvent un déclencheur. Déclencheur ravivé à chaque date d’anniversaire. Je vous conseille de lire mon article Joyeux anniversaire…ou pas
Notre culture et croyances
À mesure que nous vieillissons, la peur de la mort s’intensifie. Notre environnement est marqué par la valorisation de la jeunesse, et se confronter à notre propre vieillissement devient difficile.
D’autant plus, que dans nos sociétés occidentales, on parle peu de la mort. Et de ce qu’il y a ou pas après celle-ci. C’est un sujet « tabou » ce qui peut paradoxalement augmenter notre angoisse.
Notre instinct de survie
On est naturellement programmés pour vivre et réaliser des choses.
La peur de laisser des choses inachevées ou non résolues, la peur d’être oublié se traduit par une hypervigilance à notre environnement.
Chaque changement est un signal perçu pour détecter tout signe de danger.
2 – Signes de la peur de la mort
Comme nous le venons de le dire, parler de la mort est difficile. C’est pourquoi, reconnaître les 5 caractéristiques de cette peur peut permettre une ouverture de dialogue avec son entourage :
Des questionnements sur le sens de la vie
La peur de la mort pousse souvent à se questionner sur le sens de la vie. « Apparaître-paraître-disparaître » selon les réflexions de Baltasar Gracián (1601-1658).
Qu’ai-je fait de ma vie ? Suis-je heureux ? suis-je un bon parent ? Ces questionnements peuvent devenir envahissants, conduisant à une quête incessante de réponses ou à une remise en question de tout ce qu’on a accompli
Des cauchemars ou la peur de s’endormir
Certaines personnes craignent de s’endormir car elles appréhendent le « lâcher-prise », le moment où elles perdent le contrôle de leur corps par :
– peur de mourir dans leur sommeil.
Bon à savoir : chez la personne avancée en âge, les angoisses de mort nocturnes apparaissent fréquemment, surtout si elle vit seule.
– peur de faire des cauchemars.
Se réveiller en sueur, après avoir vu sa propre mort ou celle d’un proche, ou avoir des visions de vieillissement rapide, est une expérience terrifiante qui entraîne des troubles du sommeil, des insomnies et une fatigue chronique.
Une inquiétude excessive pour sa santé
Chaque symptôme, même mineur, peut être perçu comme le signe d’une maladie grave. Cela conduit à une focalisation du moindre changement physique, des visites fréquentes chez le médecin, des examens médicaux répétitifs.
L’envie d’éviter tout ce qui rappelle la mort
La mort fait partie de la vie (citation de Guy Béart). Mais certaines personnes développent une aptitude à contourner tout ce qui leur rappelle la mort. Elles esquivent les conversations sur le sujet, ne regardent pas de films ou de séries traitant de la mort, évitent des lieux comme les hôpitaux ou les cimetières. Ce qui a pour conséquence, l’isolement social.
Des pensées obsessionnelles sur la mort
Ces pensées se manifestent sous forme de scénarios mentaux répétitifs où l’on imagine sa propre mort ou celle de ses proches, perturbant les activités quotidiennes et les relations sociales.
Vivre avec la conscience de la mort
On ne peut pas éliminer complètement la peur de la mort.
Mais on peut apprendre à vivre avec la thanatophobie, de manière plus sereine en suivant ces 7 conseils :
1 – Voir la mort comme une réalité naturelle
Comme l’exprime Pierre Corneille, « Chaque instant de la vie est un pas vers la mort. Le vieillissement et la mort sont des processus naturels.
Savoir que notre temps est limité peut nous pousser à vivre plus intensément et à donner du sens à notre vie. Créez et Réalisez vos rêves ici !
Pour dédramatiser, intéressez vous à des cultures qui célèbrent la fin de vie de manière plus apaisée.
Pour certains, la mort n’est qu’un passage. Il n’y a pas de début ni de fin, juste un nouveau cycle.
Allez déambuler dans les cimetières, lisez des ouvrages sur le sujet.
2 – Planifier sa succession et partager ses souhaits
Paradoxalement, organiser ses dernières volontés peut non seulement soulager l’anxiété mais aussi alléger le fardeau de ses proches en période de deuil.
Rédiger un testament, discuter de ses souhaits d’obsèques, de sa fin de vie permettent de garder le contrôle sur ce que l’on laisse derrière soi.
Ces démarches ne sont pas synonymes de résignation, mais apportent un véritable sentiment de sérénité.
Vous pouvez lire mon article sur : Les 3 conseils pour maintenir son autonomie en vieillissant
3 – Prendre soin de sa santé
Mettez en place une routine équilibrée avec de l’exercice, une alimentation saine, du repos et des activités qui stimulent votre corps et votre esprit.
Une bonne hygiène de vie est essentielle pour apaiser l’anxiété. Voici quelques habitudes recommandées :
- Évitez les boissons excitantes (café, alcool) en fin de journée.
- Privilégiez un dîner léger pour faciliter le sommeil.
- Limitez l’exposition aux écrans le soir, et modérez la consultation d’actualités anxiogènes.
- Pratiquez une activité physique régulière, ainsi que des activités de relaxation
4 – Vivre dans le présent
Carpe Diem. La méditation peut aider à vous concentrer sur le moment présent.
Essayez de méditer quelques minutes chaque jour. Faîtes une pause et regardez la mouche qui vient de passer. Des applications comme Petit Bambou peuvent vous guider.
Notez chaque jour trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant. Ça aide à (re)voir la beauté de la vie, même dans les petits riens.
5 – Revoir vos priorités
Imaginez-vous à la fin de votre vie, regardant en arrière. Quels sont les moments, les relations, les réalisations qui vous semblent les plus importants ?
Réfléchissez à comment vous aimeriez avoir un impact positif. Ça peut être du bénévolat, créer quelque chose, partager vos connaissances, ou vous engager pour une cause qui vous tient à cœur.
Utilisez ces réflexions pour ajuster vos priorités actuelles.
Vous pouvez également lire l’article sur Vieillir Heureux : 6 Stratégies pour défier l’âge
6 – Accepter le mystère
Accepter qu’on ne sait pas tout sur la mort peut être libérateur. Au lieu de chercher des réponses définitives, on peut rester ouvert face à l’inconnu.
Chaque jour, identifiez une chose sur laquelle vous n’avez pas de contrôle et acceptez consciemment de la laisser aller.
7 – Demander de l’aide si besoin
Si la peur de la mort devient trop envahissante ou affecte trop votre qualité de vie, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé.
L’EMDR, par exemple, est une méthode thérapeutique qui utilise des mouvements oculaires pour désensibiliser les traumatismes. Cette technique est particulièrement efficace si la peur de la mort est liée à un événement traumatique.
Le 3114 est un numéro de téléphone gratuit, qui permet aux personnes en détresse psychologique d’échanger et de trouver une réponse adaptée auprès de professionnels de la santé mentale (psychiatres, infirmiers spécialisés et psychologues). Des professionnels vous répondent 24h/24 et 7j/7.
Conclusion : Apprendre à vivre malgré la peur
Accepter le vieillissement et sa finalité n’est pas synonyme de résignation. La vie ne perd pas de valeur avec l’âge. Mais, il ne s’agit pas de nier cette peur, mais de l’utiliser pour orienter nos choix vers une vie riche de sens.
La peur de la mort nous rappelle que notre temps est précieux. Nous devons l’utiliser comme une source d’inspiration, pleine de sagesse, pour apprécier la beauté de la vie, poursuivre nos passions et laisser un héritage positif.
En fin de compte, le secret pour dépasser la peur de la mort réside dans notre capacité à vivre si pleinement que lorsque viendra le moment de partir, nous le ferons sereinement, sans regret.
Et ce serait un bel hommage à ce cadeau précieux qu’est la vie.
Merci Ketty pour cet article ! Ta maniĂšre d’aborder la peur de la mort est apaisante et pleine de bienveillance. J’apprĂ©cie les pistes que tu proposes pour comprendre et dĂ©passer la peur de la mort. C’est un sujet dĂ©licat, mais tu en parles avec simplicitĂ© et clartĂ©, ce qui aide vraiment Ă rĂ©flĂ©chir autrement.
Merci beaucoup Alice
Merci pour cet article trÚs intéressant, avec un sujet un peu délicat
Je ne connaissais le mot de la peur de mourir et je retiens surtout l idée que la vie et le temps sont précieux, donc autant profiter de l instant présent un maximum!
Merci. Oui, profitons de la vie, elle est si précieuse
Merci Ketty pour cet article qui sort des sentiers battus Il est vrai que se sujet reste tabou pour un grand nombre de personne, oui mais voila, nous y arriverons tous un jour ou l’autre. alors prĂ©occupons nous de la vie, des vivants et du monde physique qui nous entoure. Vivre sa vie du mieux qu’il soit possible et surtout, comme tu le dis partir sans avoir de regrets, un jour nous quitterons ce corps physique, mais l’aventure continue… sur d’autre plans. C’est l’inconnu qui fait peur… juste se dire  » ça ne s’arrĂȘte pas lĂ ! «Â
Merci Pascal. La peur de lâinconnu nous distrait du connu. Restons connectĂ©s au prĂ©sent et Ă ce qui nous entoure
La maniĂšre dont tu expliques les racines de cette peur et les pistes pour y faire face m’a vraiment parlĂ©. On ressent un vrai apaisement en lisant tes conseils, et ça invite Ă rĂ©flĂ©chir autrement sur notre rapport Ă la vie et Ă la mort. Je vais essayer d’appliquer certaines des suggestions pour mieux apprivoiser cette peur universelle.
Merci Jackie.
J’espĂšre que mes conseils permettront d’accueillir cet Ă©vĂšnement (le plus tard possible) de maniĂšre plus sereine.
J’ai Ă©tĂ© confronter avec ce problĂšme avec mon fils, quand il avait 10-12 ans. Il avait le peur de mourir d’une maladie, pourtant il me disait que cette peur Ă©tait pour lui infondĂ©e mais il n’arrivait pas en s’en dĂ©tacher. Cela lui provoquait des douleurs d’anxiĂ©tĂ© dans le corps au niveau du thorax et puis petit Ă petit cela lui a crĂ©Ă© des douleurs dans le ventre. On a beaucoup parlĂ© et on s’est rendu compte qu’une baby-sitter lui avait parlĂ© du cancer et avait projetĂ© ses peurs sur lui… pas top… mais bon c’Ă©tait trop tard… En creusant et en continuant Ă laisser cette peur prendre sa place finalement, en se disant que oui ça pouvait arriver, que c’est trĂšs rare pour un enfant et que si ça devait ĂȘtre le cas, on s’en rendrait compte car il y a des signes quand on tombe malade et qu’il se soignerait car on arrive Ă soigner beaucoup de cancer, cette peur est partie.
Merci beaucoup Virginie de partager cette expérience.
La communication est vraiment importante.
Et parler de la mort, de la maladie, de maniĂšre naturelle tout comme on le ferait sur un autre sujet permet de lever des tabous